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Journal Festival 2005
En festival, on a peur. Le but du jeu
pour nous, c'est d'avoir la sensation de discuter avec le public comme
si on l'invitait dans notre chambre. Bataille de polochons, sauts sur
le lit, s'embrasser, écouter des disques et se repasser tel ou
tel passage précis d'une chanson qu'on adore, discuter d'un livre
qui nous a fait trembler le cur. Partir à l'aventure genre
! C'est de cette intimité là que nous avons besoin pour faire un "bon concert". En festival, on a peur, parce que vous êtes nombreux, que la scène est gigantesque et que l'on se sent lilliputien au milieu de tout ça (surtout moi et mes 1m66). Il y nos guitares et nos voix, ça passe par des fils (des cables) et des gens qui courent dans tous les sens, on rajoute l'électricité et tout devient énorme. Alors, on a peur, parce qu'on veut TOUT et TOUT de suite : l'électricité, l'adrénaline et l'intimité ! et quand ça marche, que l'inertie géante d'un public de festival se connecte au bout de nos doigts, OH PUTAIN le vol plané que ça fabrique, c'est comme piloter un monstre, un du genre à mastiquer des ouragans. Et si on arrive à ce que ce monstre soit tout proche, avec ses cris et ses claquements de main, qu'on arrive à le faire "rentrer" dans notre univers-chambre le temps de quelques chansons, c'est un bonheur, c'est presque amoureux. Mathias Malzieu |