Western Sous La
Neige
Pour sûr, Western sous la
neige est moins mignon que Haïku, premier album des
Valençoisde Dionysos. Il a une barbe de trois jours, les nerfs
à vif, la mâchoire serrée et trace la route sans
se retourner. On dirait Clint Eastwood. Ou le Pavement de lalbum
Wowee Zowee. Western sous la neige est un disque long
(dix-huit morceaux), mais qui passe très vite, comme un chapelet
de chansons quon gobe goulûment lune après
lautre. Toutes passent bien, mais lune est douce et lautre
amère. Dans le coffre à jouets qui lui sert dinspiration,
Mathias Malzieu a pioché au plus profond, au plus teigne, au
plus sec. Il a exhumé les jeux interdits, ceux qui coupent
et font mal. Il a échangé sa baguette magique contre
un fouet : Steve Albini est toujours le champion du monde pour faire
sonner un disque comme une porte qui claque sur les doigts des musiciens.
Comme tous les disques de Dionysos, Western sous la neige est
impressionnant de mélodies accrocheuses et darrangements
intrépides. Mais ici, personne ne fait son malin, les mélodies
saccrochent à la rambarde, les arrangements ont les pieds
dans le vide. Le petit manège que Mathias a dans la tête
nest plus enchanté, ni même déjanté.
Cest un train fantôme lancé à toute allure,
avec un tunnel noir à lhorizon.
Stéphane Deschamps
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