Les Inrockuptibles - Mars 2002

Western Sous La Neige

Pour sûr, Western sous la neige est moins mignon que Haïku, premier album des Valençoisde Dionysos. Il a une barbe de trois jours, les nerfs à vif, la mâchoire serrée et trace la route sans se retourner. On dirait Clint Eastwood. Ou le Pavement de l’album Wowee Zowee. Western sous la neige est un disque long (dix-huit morceaux), mais qui passe très vite, comme un chapelet de chansons qu’on gobe goulûment l’une après l’autre. Toutes passent bien, mais l’une est douce et l’autre amère. Dans le coffre à jouets qui lui sert d’inspiration, Mathias Malzieu a pioché au plus profond, au plus teigne, au plus sec. Il a exhumé les jeux interdits, ceux qui coupent et font mal. Il a échangé sa baguette magique contre un fouet : Steve Albini est toujours le champion du monde pour faire sonner un disque comme une porte qui claque sur les doigts des musiciens.
Comme tous les disques de Dionysos, Western sous la neige est impressionnant de mélodies accrocheuses et d’arrangements intrépides. Mais ici, personne ne fait son malin, les mélodies s’accrochent à la rambarde, les arrangements ont les pieds dans le vide. Le petit manège que Mathias a dans la tête n’est plus enchanté, ni même déjanté. C’est un train fantôme lancé à toute allure, avec un tunnel noir à l’horizon.

Stéphane Deschamps