SOUVENIRS DE CHICAGO
Pour Western sous
la neige, Dionysos s'offrait un rêve de gosse : travailler
avec le producteur américain Steve Albini.
" Le jour où
nous sommes partis enregistrer Western sous la neige chez
Steve Albini, dans son studio de Chicago, je me suis retrouvé
sans le groupe dans l'avion : les autres avaient manqué leur
correspondance. J'ai donc déboulé seul avec ma petite
valise, pas fier, chez lui : il m'a accueilli avec le bleu de travail
qu'il met quand il enregistre, avec des Bic dans la poche. Moi,
j'étais terriblement impressionné. Son CV ressemble
à notre discothèque : Pixies, Nirvana, PJ Harvey,
Breeders, Low, Palace, Jon Spencer
Ses productions nous faisaient
rêver. Et en le côtoyant, on a réussi à
démythifier totalement le personnage, sans démystifier
son travail. Comme, avec lui, un enregistrement ne dure jamais longtemps,
il faut savoir dès le départ ce qu'on veut et, surtout,
être sur la même longueur d'ondes à l'intérieur
du groupe. Pour tirer le meilleur de chacun, il est d'une justesse
pédagogique assez " millimétrique ". Il
est comme un photographe qui prendrait un cliché du groupe
quand il est le plus naturel : surtout pas celui où il pose,
où il se sent observé. Il a produit 1500 disques et
pourtant il s'est adapté à nous, est devenu complice.
Il est à fond dans l'analogique, il découpe les bandes
à la main et en même temps il le fait sans snobisme,
avec humour : il n'est pas fier de ce son, il pense juste que c'est
comme ça qu'on fait les meilleurs disques. Pour nous décontracter,
pour " faire reposer la pâte " comme il disait entre
les prises, il organisait des matches de base-ball dans son salon.
Alors, en partant, nous lui avons offert une batte. Et il nous a
dit : " Merci de l'avoir prise en bois, ce sont celles qui
ont le meilleur son ! "
Propos recueillis par JDB