Les Inrockuptibles - n°416 - Novembre 2003


Dionysos Whatever The Weather

En CD ou en DVD, en acoustique ou en électrique, Dionysos à son sommet : sur scène, en flammes.

Avec ou sans roulettes, Dionysos brûle les planches comme personne. Bacchanale pas banale, un concert de Dionysos se vivait cette année à la verticale (version électrique, pour suivre le jeu de scène trampolinesque du groupe) ou en position assise (version acoustique), mais toujours la tête à l'envers.
Sous sa forme électrique, Dionysos est une boule d'énergie, lancée comme une bouteille à la mer soulevée. Whatever the Weather : Dionysos aime surtout défier la tempête. Débranché, le groupe gagne en finesse et en variété d'ambiances sans rien perdre en dynamique. Et puis flûte : qu'importe la forme, la formule est immanquablement magique.
Sur les pochettes de cette triple sortie qui raconte en musique et en images les derniers épisodes des aventures scéniques de Dionysos, les membres du groupe apparaissent cernés par les créatures fantomatiques de Joann Sfar. Mais les fantômes et les petits monstres sont aussi à l'intérieur, cachés dans le violon de Babeth ou grignotant les cordes vocales de Mathias.
Que la tournée soit électrique ou acoustique, la musique de Dionysos est d'abord tournée vers l'enfance, ses peurs initiatrices et ses joies simples. Pourtant, elle n'appartient pas au registre couillono-regressif des fans de Douchka ou Casimir. Chez Dionysos, il y a la crainte du loup caché sous le lit, et l'envie irrépressible d'aller lui compter les dents.
Ici, la musique est une carte au trésor, un terrain d'aventures, une expédition sans boussole vers les rives de la fantaisie. Dionysos se trouve quand il cherche à se perdre, ce qui arrive tout le temps. Si on aime ce groupe, c'est parce qu'il ne se contente pas d'affronter la réalité. Il préfère décrocher la lune, pousser l'imagination dans ses retranchements les lus absurdes et merveilleux. Les membres de Dionysos n'ont peut-être jamais lu d'ouvrage de sociologie, mais ils connaissaient par cœur les manuels de sorcellerie, les contes de fées, et rêvent toutes les nuits. Mille et une au moins.

Par Stéphane Deschamps