Le Parisien - 15 août 2004

                                                    « Ce soir, on va tout donner »
                                                                La Route du rock


Arrivés hier soir en train depuis le sud de la France pour assister au concert du groupe Air, les Dionysos sont la tête d'affiche de la dernière soirée de la Route du rock à Saint-Malo (Ille-et-Villaine), ce soir, au fort de Saint-Père. Ils y donneront leur ultime concert de la tournée « Western sous la neige » (140 000 CD vendus) avant d'attaquer l'enregistrement d'un nouvel album. Une tournée triomphale pour le groupe de Valence (Drôme), fer de lance de la scène rock française, dont les prestations scéniques, couronnées aux dernières Victoires de la musique, lui valent l'adulation du public.
Mathias Malzieu, le bouillant chanteur et guitariste de Dionysos, évoque sa passion pour la vie de tournée.
La Route du rock, c'est une date importante pour vous ?
Mathias Malzieu :
Oui. Je suis super fier de jouer ici avec des gens dont j'admire énormément le travail, comme Air ou Jon Spencer Blues Explosion. C'est aussi la dernière date de notre tournée « Western sous la neige » et l'une des dernières fois où nous jouerons certains morceaux. Ce sera donc très émouvant. Plus que jamais, ce soir, on va tout donner.

Comment s'est passée cette tournée ?
C'était fantastique. On a voulu la prolonger par un bonus de cinq ou six dates dans des lieux exceptionnels. On a joué aux Arènes de Nîmes, aux Francofolies de La Rochelle, au Paléo festival de Nyon (Suisse) devant 35 000 personnes, dans la grange d'un château à Sedières près de Tulle devant 500 personnes. C'est formidable de passer de cette grosse décharge d'adrénaline devant un énorme public à l'intimité que procure une toute petite salle. A chaque fois, on essaye de retrouver les moments de magie avec le public, mais rien n'est jamais gagné.

Vous êtes pourtant considéré comme l'un des meilleurs groupes de scène français ?
C'est vrai, mais j'ai toujours la même angoisse avant un concert. Je fais des allers-retours aux toilettes, j'ai envie de vomir. C'est une peur saine. Et ça s'arrête dès les premiers accords.

Sur la route, êtes-vous dans la tradition « sex, drugs, rock'n'roll » ?
Avant un concert, on ne fait jamais d'excès, après, c'est différent... On aime bien faire la fête, traîner avec les gens. Mais une longue tournée, c'est éreintant, il faut entretenir sa santé. Quand on fait huit heures de route avant de remonter sur scène, il faut savoir dormir, manger correctement, se ménager pour garder l'énergie. Ce qui n'empêche pas de vivre des moments étonnants. Je me souviens d'un petit déjeuner après une nuit blanche, au fin fond de l'Allemagne de l'Est, avec un type déguisé en cow-boy qui nous passait des disques de Lee Marwin... C'était surréaliste.

Vous trouvez le temps de vous amuser, d'écrire ?

Bien sûr. On joue au foot. J'ai le souvenir d'une partie fabuleuse avec Yann Tiersen et ses musiciens avant un concert à La Roche-sur-Yon. Et on travaille aussi de nouveaux trucs musicaux, souvent au moment de faire la balance du son.

Quel est votre programme après ce concert ?

En septembre, on part trois semaines en résidence à Meknes, au Maroc, où on met à notre disposition une salle de concert. C'est là qu'on va travailler les morceaux du prochain album qui sortira courant 2005.

Cet album sera de la même veine que « Western » ?

Il y aura des surprises. De nouveaux instruments vont apparaître, comme le yukulélé, la scie musicale, des samples d'harmonica et de nos propres voix. Malgré le succès de « Western sous la neige » et la pression, la nôtre et celle de la maison de disques, on tient à garder la liberté de prendre des risques.

Propos recueillis par Hubert Lizé