Dionysos Blancs manteaux
Produire une pop surréaliste
et barrée, chanter en anglais les louanges de John McEnroe,
bénéficier d'un très honorable succès,
et tout ça en France? Il y a quelques années, "
l'alchimie " aurait semblé improbable. Dionysos, lui,
a trouvé la formule.
Qui n'a pas chantonné l'an dernier
ses histoires de Jedi ou d'anorak ? Après dix ans d'existence,
et la percée, il y a quatre ans, de son précédent
album, Haïku, Dionysos a cartonné. La réputation
du groupe sur scène n'est aujourd'hui plus à faire et
Western sous la neige est en passe de passer la cap du disque
d'or. Mathias Malzieu, son exubérant chanteur, peut jubiler
: " Pour moi, le succès, c'est de continuer cette aventure
de création et d'échange avec le public. Bien-sûr,
il y a une réalité financière derrière
: si cet échange était trop minime, on ne pourrait pas
nous donner les moyens de continuer. Pour moi, le succès, c'est
avancer, être vivant, exister en toute et pure liberté.
Sans avoir à se compromettre. "
L'histoire de Dionysos prouve donc qu'il est possible d'atteindre
un niveau respectable dans les charts français, avoir un single
en rotation lourde sur les radios, et rester fidèle à
un style ludique et singulier : " J'ai un respect énorme
pour des gens comme Nirvana et Björk, qui sont parvenus à
toucher un public large en étant extrêmement personnels.
En revanche, je n'ai aucun respect pour les gens qui font du commercial
et ses compromettent, pas plus que je n'en ai pour ceux qui jouent
les élitistes, les artistes incompris. Ils sont fiers de ne
pas vendre de disques, et ça les rend amers ultra-snobs et
ultra-chiants. Pour moi, c'est la même démarche de facilité,
le même désengagement humain : ils se formatent à
une attitude. "
Le parcours n'aura pas été sans heurts (Mathias avoue
avoir dû parfois bagarrer pour imposer les visions du groupe),
mais Dionysos semble avoir trouvé le bon compromis : avoir
le sentiment de travailler en indépendant tout en profitant
d'une plus grande visibilité. Une preuve par exemple qu'une
certaine frange rock française a grandi, s'est décomplexée,
et a trouvé son équilibre. " On fait du divertissement,
au sens populaire du terme, mais pas populeux, tient à
préciser Mathias. Ce qui n'empêche pas une extrême
rigueur et une intransigeance sur la mise en son, l'esthétique
et sur la façon dont on le revendique. On ne lâche rien.
En revanche, on le donne. "
P.P.
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